14 avr. 2010

Les "demi"-verts de Géorgie


Dans la course aux élections locales, suite à la déclaration officielle de Mikheil Saakachvili sur la date du scrutin fixée au 30 mai, l’opposition tente de s’imposer. Elle paraît néanmoins bien désorganisée. Les programmes sont encore en réflexion, les têtes de listes ont tardé à se faire connaître. Seul objectif : gagner Tbilissi. Rencontre avec Guiorgui Gatchétchiladzé, secrétaire général du Parti des Verts de Géorgie.

Un parti d’opposition combatif

Comme effet d’annonce, Guiorgui Gatchétchiladzé a rallié deux personnalités : le docteur en histoire Zaza Abachidzé et le lieutenant-général Guiorgui Chervachidzé. Ce dernier descend d’une famille de princes abkhazes, ce que n’oublie pas de préciser le chef du parti, « Cela nous permet de rendre nos candidats plus familiers aux habitants de Tbilissi. Chervachidzé nous permet de faire également un lien avec la population abkhaze aujourd’hui en sécession. »

Le secrétaire du parti semble néanmoins quelque peu résigné, comme si la lutte était perdue d’avance. « Il nous faut nous faire enregistrer pour les élections locales. Nous devons rassembler 30.000 signatures, ce qui n’est pas dur pour nous, mais nous laissera-t-on nous présenter ? », s’inquiète-t-il.

En effet, le parti des Verts de Géorgie revient de loin. En 2007, une opération spéciale justifiée par le mouvement de privatisation des bâtiments nationaux a été lancée contre le siège du parti. Les Verts, depuis la chute de l’Union Soviétique, louaient un bâtiment historique, après avoir signé un bail courant jusqu’en 2014.

Face à leur refus de quitter les lieux malgré les injonctions de la police, 250 policiers avaient encerclé le bâtiment, puis vidé celui-ci de ses ordinateurs et de ses documents. A l’époque, les parlementaires européens, selon les dires de Gatchétchiladzé, auraient mis en garde le président Saakachvili face à de telles pratiques.

« Ils veulent cette année organiser des élections ultra démocratiques, mais s’ils s’opposent à notre candidature et à notre participation, ils auront de grave problèmes avec nos amis de l’Europarlement. », prévient-il.

Un programme en gestation

Interrogé sur la teneur du programme des Verts, Gatchétchiladzé reste vague, expliquant que le programme est en cours de réalisation. Mais il assure que l’équipe des Verts pour la mairie de Tbilissi sera la meilleure. « De toutes manières, le premier objectif c’est que l’opposition remporte Tbilissi. C’est l’objectif de tous les partis d’opposition, sauf certains qui sont au service de Saakachvili. », assure-t-il.

Hiérarchiquement, les Verts souhaitent : être enregistrés, passer sur les grandes chaînes nationales de télévision pour se faire connaître des électeurs, et, si cela aboutit, peut-être engager des discussions avec le parti au pouvoir. L’idée à terme est de gagner les régions depuis la capitale. « Mais cela n’est possible que s’il y a un haut taux de participation, ce que les télévisions s’appliquent à éviter. », déclare amèrement le secrétaire général.

Une priorité environnementale de second rang

Après plus de vingt minutes d’entretien, la cause « verte » n’a toujours pas été abordée. Le programme n’est certes pas la priorité pour le moment, on l’aura compris, mais la protection de la vie et de l’environnement reste tout de même le fer de lance des partis verts européens…

Amené à en parler, Gatchétchiladzé assure qu’il y a effectivement de graves problèmes environnementaux : « Un. La qualité de l’air à Tbilissi est très mauvaise du fait des provinciaux qui viennent à la capitale avec leurs voitures pour travailler comme taxis. Deux. La qualité de l’eau et des produits n’est pas fiable dans la mesure où l’on ne connaît pas leurs origines. La construction est sauvage. Si un terrain vous plaît vous pouvez y construire ce que bon vous semble. C’est un secteur très corrompu avec des connexions gouvernementales. Trois. Avant il y avait beaucoup de parcs mais ceux-ci tendent à disparaître. Dès lors, où peut-on emmener nos enfants se promener ? »

Se pose également la terrifiante question de la gestion des déchets dans la capitale. « C’est effectivement un problème. Les autorités ont annoncé la fermeture de ces deux sites, à l’aube des élections. Ils ont essayé de les déplacer à Martkhopi puis Norio, mais face à notre engagement et celui des habitants, car il s’agit de sites historiques, ils parlent aujourd’hui de les déplacer à Didi Lelo, sur la route de l’aéroport. », explique-t-il. Aux dires de Gatchétchiladzé, il semble qu’une procédure d’expropriation des habitants de la zone soit en cours. Néanmoins, aucune information officielle n’est accessible pour le moment. Les attentes d’une évocation de la solution du recyclage sont définitivement envolées…

Certes loin des préoccupations des Verts européens, les arguments des Verts de Géorgie sont néanmoins faibles. « Les amis de l’Europarlement » apparaissent davantage comme un précieux soutien à l’opposition « anti-Saakachvili » que les acteurs d’une amitié basée sur des convictions politiques communes.

De son côté, le gouvernement géorgien rêve d’un Dubaï où d’une Suisse du Caucase, initiant des projets touristiques pharaoniques à Batoumi, Mestia… La préservation de ce qui pourrait constituer la valeur ajoutée du pays n’est pas encore à l’ordre du jour.

La coopération avec les Verts de Russie

Le parti des Verts de Géorgie collabore avec ses homologues russes. Les deux partis se sont alliés contre le projet titanesque des Jeux Olympiques de Sotchi. Décrié par les organisations internationales de protection de l’environnement comme un désastre écologique, le village olympique et les infrastructures sportives qui l’accompagnent ont cristallisé un front d’opposition russo-géorgien. « Le projet des Jeux de Sotchi est une catastrophe environnementale. La Russie ne respecte même pas les 13 points imposés par le Comité International Olympique. », dénonce Gatchétchiladzé.

Pour ce qui est des relations russo-géorgiennes, il explique que les secteurs stratégiques géorgiens ont été vendus au Russes dès l’arrivée de Saakachvili au pouvoir après la Révolution des Roses de 2003, « Ils craignent l’invasion, mais les Russes contrôlent l’économie géorgienne depuis déjà bien longtemps. La guerre n’a rien changé à cela, quoiqu’ils racontent. »

Publié sur www.caucaz.com

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