Bera. Un prénom commun pour un géorgien. Nom ? Ivanishvili. Le second fils de l’oligarque Bidzina Ivanishvili, chanteur à ses heures, peu voire pas écouté du tout sur les ondes occidentales, soutient le projet politique pacifique de son père de voir l’alternance et l’état de droit respectés en Géorgie
Suivi par plus de 170000 personnes sur Facebook, l’adolescent né à Paris, formé à NYC, est récemment devenu l’étoile montante du Caucase aux côtés de son père. L’un en chanson, l’autre en politique.
Depuis début octobre, la saga démarrée en trombe suite à la décision du père de s’occuper des affaires publiques du pays déchaîne les passions dans la petite république géorgienne. Homme le plus riche de Géorgie avec une fortune estimée à cinq milliards de dollars selon Forbes, Bidzina Ivanishvili défie le président Mikheïl Saakachvili, figure de la révolution des Roses installé confortablement au pouvoir depuis 2004.
Alors que le père sort d’une ombre particulièrement bien protégée depuis son retour de Russie il y a neuf ans, le fils se donne à voir sur les réseaux sociaux. Bera, qui jouait du violon à l’âge de cinq ans et du piano deux ans plus tard, a fait de la musique une carrière. L’aisance financière aidant, il rencontre et travaille avec les plus grands, de Snoop Dogg à MC Solaar, et compte parmi les producteurs de ses débuts Rob Fusari, producteur de Lady Gaga, et Rodney Jerkins, producteur de Michaël Jackson.
Il fait néanmoins vraisemblablement dans la niaiserie pour midinettes. Pour s’en faire une idée, écoutons sans en abuser un petit brin de lovely things.
Le chanteur au physique albinos dit vivre de ses rêves, un peu comme Mickey. Le monde de Bera – il suffira de passer une journée avec lui pour s’en rendre compte – est constellé de bonbons, de gardes du corps attentifs et de fringues hype.
Depuis l’une des trois résidences titanesques de papa à Tbilissi, Chorvila ou encore Ouréki sur les rives de la mer Noire, la Géorgie de Bera, où se côtoient dauphins et zèbres sur fond de Picasso à 95 millions de dollars, a sans doute un peu de ce parc féérique de Marne-la-Vallée. Si non loin du RER on appelle les petits et les grands à « vivre leurs rêves », Bera, lui, veut aujourd’hui faire vivre le rêve géorgien dans son pays.
« L’occurrence de l’espoir. Ensemble nous pouvons tout. J’ai rêvé toute ma vie de ce rêve géorgien (…) Nous sommes tous Géorgiens, de vrais Géorgiens. Georgian Dream, le rêve géorgien. Des pieds à la tête, nous sommes tous Géorgiens. Géorgiens. Géorgiens ».
Certes faible en poésie, le morceau de rap lui permet au moins de quitter un temps ses figurantes nord-américaines en plastique pour retrouver quelques jeunes compatriotes le temps d’une marche subversive. Posté le 14 octobre dernier sur son profil Facebook, le titre a fait le tour du pays et de la diaspora, suscitant l’engouement politique plus que musical. Désolé Bera, mais il faut dire ce qui est !
La distribution de t-shirts dans le clip, marqués du sceau de sa maison de production, n’est pas sans évoquer un appel au rassemblement, un appel à la défiance au pouvoir en place particulièrement peu friand des manifestations de protestation. D’autant que le logo en question est adopté par le mouvement politique fondé par son père quelques jours plus tard, suite à sa déchéance de nationalité par le président Mikheïl Saakachvili, ce dernier souhaitant écarter le dangereux candidat des élections parlementaires de 2012 et présidentielles de 2013.
Des Géorgiens portant le t-shirt « Georgian dream » auraient été arrêtés, quant à l’imprimeur il aurait été contraint de mettre la clé sous la porte. La Cartu Bank, propriété de Bidzina Ivanishvili en Géorgie, a été placée sous contrôle judiciaire pour blanchiment d’argent.
En un mois, la politique géorgienne est sortie de sa torpeur et prend un nouveau coup de jeune (La révolution des Roses de 2003 n’avait amené au pouvoir que des trentenaires dont Mikheïl Saakachvili, ndlr). Pour l’heure, Bera pousse la chansonnette tandis que Bidzina s’essaye aux conférences de presse, multipliant les rencontres afin de recouvrer sa nationalité, condition sine qua non à une candidature politique. Dernière en date, Ilia II, le patriarche catolicos géorgien, qui a appelé le Président à restaurer la citoyenneté de l’oligarque. Georgian dream vs. Misha (Mikheïl Saakacvhili, ndlr), bienvenue sur le ring caucasien.
Pour ceux qui en revoudraient, en mode atlantic-soap, Mère.
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